Plaza Centers : Manque de Liquide ?

Plaza Centers est un promoteur immobilier israélien, domicilié aux Pays-Bas, listé en Grande-Bretagne, qui opère en Europe de l’Est. Il règne déjà comme une odeur de moisi.

Son action cote à moins d’un dixième de sa valeur comptable. Normal : Plaza Centers a soif, très soif.

Un manque de liquidités signifie que la société n’arrive plus à faire face à ses échéances à court-terme : c’est le défaut de cash ou d’actifs immédiatement monétisables (“liquides”) pour honorer les créances.

Et pourtant, Plaza n’est virtuellement pas en faillite : les actifs supposés liquides sont bien présents au bilan — le current ratio (ou ratio de liquidité) est supérieur à trois, ce qui est exceptionnel.

Le détail qui tue : les propriétés immobilières (détenues dans le seul but d’être vendues — Plaza est un promoteur, pas un exploitant) sont comptabilisées dans les stocks (soit l’actif courant) sous le titre éloquent de “trading properties”. Or une propriété immobilière, peu importe sa qualité, n’est pas tout à fait aussi liquide qu’un compte en banque, une palette d’iPhones ou un paquet de cigarettes..

Remettons donc les propriétés immobilières à leur place, c’est à dire parmi les immobilisations (actifs fixes), et subitement le ratio de liquidité retombe à… 0,2. Voici d’un seul coup la détresse financière est au coin de la rue !

Dans un environnement euphorique, quand “tout le monde” est prêt à acheter de l’immobilier peu importe le prix (ces jours-ci, pensons à la Chine, au Canada ou à l’Australie), la liquidité sur ce type de biens n’est pas nécessairement un problème… Mais dans un scénario plus tendu (une fois l’euphorie retombée et le crédit limité) l’histoire n’est plus du tout la même.

Avec Plaza, évidemment, est arrivé ce qui devait arriver : (1) la suspension d’un remboursement obligataire; (2) suivi par un report des échéances; (3) l’annonce d’une possible recapitalisation à venir — donc dilution des actionnaires; et (4) une augmentation du taux obligataire pour faire passer la pilule aux créanciers.

Avec le décodeur : il n’y a plus d’argent dans les caisses, et bien sûr plus de quoi payer les dettes; on remboursera les créanciers plus tard que prévu, à un taux plus alléchant pour compenser, mais pas avant d’avoir soustrait aux actionnaires de nouveaux capitaux. Avec le décodeur, bis : déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Pour la société, le défi est de gagner du temps, qu’elle puisse vendre “correctement” (autrement que selon un scénario de liquidation dans l’urgence) ses propriétés, et ainsi dégager le cash nécessaire au remboursement des créanciers obligataires… Avant que ceux-ci ne saisissent tout — à commencer par l’avoir des actionnaires, si d’aventure il en reste quelque chose.

Le cas illustre bien les risques de l’investissement “mécanique”, qui se base sur les seuls ratios et ignore l’étude qualitative des comptes et du business.

Cerise sur le gâteau : malgré la débâcle, le management se rémunère grassement et voyage en jet privé.

P.S. : ce texte, comme tous nos contenus, n’est pas un conseil. C’est uniquement une opinion qui n’engage que son auteur, et rien de plus. Il est rappelé qu’investir en bourse comporte un risque de perte de capital.

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