De temps à autres, et de manière aléatoire, nous mettons à votre disposition nos questionnements et conclusions sur divers sujets de l’investissement et de la vie qui ont une application pratique. Au delà d’une philosophie d’investissement, le value investing tel que nous le concevons et le pratiquons est une philosophie de vie (et, précisons-le, chaque membre de l’équipe et du club doit avoir sa propre conception du value investing et est invité à la partager).
Dans le premier opus, nous avions vu pourquoi il fallait investir uniquement de l’argent dont on n’avait pas besoin : le risk/reward est favorable puisque votre downside est limité à un niveau que vous acceptez (celui de l’argent dont vous avez besoin qui constitue votre coussin de sécurité) tandis que votre upside est quant à lui très élevé – même si votre résultat aura nécessairement une composante aléatoire puisque vous n’avez aucun contrôle sur la fluctuation des cours. De la même manière un entrepreneur n’a aucun contrôle sur les fluctuations quotidiennes de ses ventes.
Rappelons une fois encore que le potentiel d’upside provient précisément de cette partie aléatoire (et non de la partie déterministe que constitue votre coussin de sécurité) : si le processus de sélection de l’investisseur ou les actions de l’entrepreneur ne sont pas aléatoires, le résultat de ceux-ci est quant à lui parfaitement imprévisible. Il peut être démesurément bon comme mauvais, et on le ressent d’autant plus que les observations sont rapprochées (quotidiennes par exemple) : c’est cette fluctuation des “possibles imprévisibles” sur une période donnée que l’on nomme “volatilité” dans le jargon de Wall Street et qu’on calcule sur la période considérée uniquement après coup.
De l’Inutilité de la Volatilité
On notera que ces fluctuations aléatoires n’ont aucun rapport avec le processus et les actions d’un individu ou d’une entreprise, et leur calcul après coup n’a aucun intérêt en lui-même puisqu’il s’agit d’un simple constat a posteriori. On ne peut pas déduire quoi que ce soit de particulièrement intelligent a priori d’un simple constat a posteriori, à moins de démontrer tous les liens de cause à effet. Si cela semble possible pour certains business particulièrement prévisibles (cf. Le meilleur business du monde 1 et 2) à condition d’avoir un horizon suffisamment long, de ne pas trop se tromper dans les analyses et de ne pas rechercher une précision millimétrique, c’est inconcevable pour le comportement journalier, mensuel, trimestriel ou même annuel de millions d’individus.
Il est également évident qu’un constat a posteriori ne permet absolument pas de déduire le degré de risque du processus exécuté par l’investisseur ou des actions de l’entrepreneur. Et pourtant, des milliers (voire des millions) de professionnels dans le monde de la finance s’attachent absolument à calculer la volatilité (sans doute parce qu’il est si important pour eux de quantifier les aléas ou simplement de paraître intelligent).
Une Référence des Professionnels
Aberration suprême, afficher le résultat de ce calcul est d’ailleurs une obligation réglementaire pour tous les gérants de fonds : qui a déjà vu un prospectus qui ne contenait pas cette “information” (mot qui serait avantageusement remplacé par “bruit” – un signal qui ne recèle aucune information utile et que l’on cherche normalement à éliminer avec toutes sortes de filtres dans les disciplines un minimum rationnelles comme les sciences physiques) ?
L’absurde de la situation est d’autant plus démesuré lorsque l’on observe combien la plupart des particuliers comme professionnels investis en bourse ont peur de la volatilité et cherchent à l’éviter. On se gratte la tête : mais pourquoi donc investissent-ils ? Nous avons vu quelques paragraphes plus haut, et dans la réflexion précédente, que votre upside financier ne peut provenir que de la partie de votre patrimoine soumise aux aléas et ne saurait provenir de votre coussin de sécurité (situation déterministe). Vous avez besoin de la volatilité pour espérer un upside. La volatilité est une chance : par quel cheminement surréaliste peut-on en arriver à craindre la seule chose susceptible de nous faire du bien ?
Le Bon Sens de Warren Buffett
Too much of a good thing can’t be a bad thing
La finance moderne et ses théories pseudo mathématiques disent : “Je veux éliminer la volatilité pour avoir la certitude d’un résultat médiocre”. Warren Buffett préfère un 15% par an volatil à un 12% linéaire parce que ça fait beaucoup plus d’argent en bout de ligne, les pseudos mathématiciens modernistes préfèrent un 6% avec zéro fluctuation à tout cela.
Faîtes votre choix.
En ce qui nous concerne, notre décision est prise depuis fort longtemps.