A l’instar des créances clients, les dettes fournisseurs correspondent aux factures reçues par l’entreprise de la part de ses fournisseurs, pas encore payées mais qui devraient l’être sans tarder.
Dit autrement, une dette fournisseur matérialise le décalage qui peut exister entre la constatation d’un achat, enregistré dans le compte de résultat, et le décaissement du cash correspondant.
Pour comprendre la dynamique de règlement des fournisseurs, prenons l’exemple d’un distributeur comme Etam ou Orchestra : les stocks sont achetés au fournisseur, écoulés sur les deux mois suivant leur mise en rayon, avant que le fournisseur ne soit réglé le troisième mois.
A ce moment précis, ce que l’entreprise lui doit est soustrait à la fois du poste dettes fournisseurs au passif, et du poste trésorerie à l’actif. La situation décrite ici est idéale pour la trésorerie d’une entreprise !
A l’inverse, de très nombreux business vont devoir constituer leurs stocks et payer leur fournisseur avant d’avoir vendu la marchandise, ce qui implique de pouvoir financer la reconstitution dudit stock.
Le délai de paiement des fournisseurs n’est bien entendu pas extensible à l’infini. En France, il est plafonné à quarante-cinq jours. Il est de toute façon dans l’intérêt de l’entreprise d’entretenir de bonnes relations avec ses fournisseurs. Des retards de paiement sont le plus sûr moyen de les détériorer rapidement…
Officiellement, les deux parties doivent trouver un point d’équilibre. Officieusement, il y a toujours un rapport de force qui s’établit entre l’entreprise et ses fournisseurs.
Un petit business qui débute sera soumis aux conditions de ses fournisseurs. En revanche, un titan comme Apple peut se permettre de dicter sa loi à ses fournisseurs : ils l’accepteront sans broncher puisque aucun de leurs autres clients n’a de puissance d’achat comparable.
L’étude du poste « dettes fournisseurs » exige autant d’attention que le poste « créances clients ». La dynamique donnera à l’analyste des indications fort utiles. Par exemple, il pourra surveiller les délais de paiements, et vérifier qu’ils ne se contractent pas trop.
Le cas échéant, cela signifie peut-être que les fournisseurs ont de moins en moins confiance en l’entreprise, et qu’ils demandent à être payés « au cul du camion ».
A l’inverse, des délais de paiement qui s’allongent ne sont pas nécessairement une bonne nouvelle. L’entreprise a beau retarder, il lui faudra bien un jour payer ses dettes aux fournisseurs. Et si elles se sont trop accumulées, l’impact sur la trésorerie peut être dangereux, sinon potentiellement létal.
Plus les fournisseurs accordent de délais de paiements, moins il y a aura de cash à mobiliser immédiatement. Dans un premier temps, l’impact sur la trésorerie est donc positif, a fortiori quand il n’y pas grand-chose en caisse. On se finance à crédit – on fait tourner l’activité avec l’argent des autres.
Si le business génère beaucoup de cash à court-terme, et que ses propriétaires sont certains de pouvoir payer leurs fournisseurs dans les temps il n’y aura alors aucun problème. C’est le principe du flottant, plus couramment appelé besoin en fonds de roulement négatif – la marque de fabrique des excellents business.
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